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interlignes
Description du blog :
jeudi soir 07 08
Catégorie :
Blog Religion
Date de création :
06.04.2008
Dernière mise à jour :
01.09.2008

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Maelenn : Texte hors atelier

Maelenn : Texte hors atelier

Publié le 17/07/2008 à 12:00 par interlignes
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La Résidence d’Agathe

Il était une fois dans une maison au fond des bois, une petite reine, toute petite. Elle avait élu domicile dans la Résidence d’Agathe, nommée ainsi car juchée sur le flanc de la colline de Saint-Germain.

Elle m’avait dit de venir à pied depuis mon village voisin, que ce n’était pas loin.
La coquine s’était bien gardée de m’informer de tous les dangers qui ponctuaient le chemin. En bord de Seine tout d’abord, j’ai vu un chien noir. Celui-ci montrait ses dents et pour l’éloigner j’ai dû crier très, très fort.

Ensuite, un troubadour, sorti de nulle part actuelle, chantant Aznavour et jouant accordéon. Petite bagatelle et grandes bretelles, ne faisant pas dans la dentelle, il m’a dit : « ma belle, que faites-vous par ici par une nuit sans lune ? ». O la coquine, je ne vais peut-être pas la garder comme copine. Ce sauvage emplumé a failli, de moi, ne faire qu’une bouchée. Heureusement à cet instant, un chat noir traversa la chaussée et lui fit si peur qu’il s’envola sur le cheval bleu de Chagall.

Je n’étais plus très loin de toutes façons mais au bas de l’escalier en colimaçon… je fus soudain prise de panique. Monique ! Mon Dieu, panique ! Panique devant l’interphone : je n’ai ni code ni téléphone. Comment joindre ma reine, comment atteindre ma marraine ? Quelle sotte ! Quelle petite tête de linotte ! Bon sang, bonsoir, bonjour… que faire en pareille circonstance ? Mince alors… : Et pas âme qui vive dans ces parages bourgeois, chacun dans son chez soi. Chacun devant sa cheminée ou sa télé, à boire ou à manger, du rosbif ou du thé entre fauteuil et canapé, entre salade et soufflé, entre chaussons et pois cassés, entre amis et ennemis etc. « Les bourgeois et moi, tu vois, c’est clair, je ne les aime pas ! » Mais enfin le problème n’est pas là.

Comment crier « Ma reine » dans cet environnement hostile où tout est joli et tranquille ? Je n’ose pas. Pourtant il va bien falloir trouver une solution. Et vite. Je n’ai nulle envie de coucher dehors même si ici le lieu semble sécurisé. Tellement sécurisé qu’on ne peut, au chaud, aller se réchauffer. Bon sang de bon sang ! Et moi qui réclame tout le temps : « mais viens toi pour une fois ! » Pourquoi n’ai-je pas insisté davantage cette fois ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?

Il me faut bien m’y résoudre : avec ces nouveaux digicodes, il faut ne nom et le code. Mais elle s’est mariée la semaine passée avec un type que je n’aime guère. Comprenez-moi : je n’ai eu aucune envie de retenir son nom. Dagobert, Norbert, Denfert, Camembert. Non ça suffit ! Décidément, je crois que je vais crier. Il commence à faire froid. Mon taboulé a froid autant que moi.
Et moi et moi et moi, je n’ose pas. Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?

Cette histoire avait bien commencé et me voilà plantée là. Ma reine ô ma reine, comment me sortir de ce faux-pas ? Dormir à la cave ? Retourner chez moi ? Demain, c’est sûr, j’irai à la boutique SFR, ne plus me laisser faire par les idées de ma mère : les portables niquent les oreilles et le cerveau entre les deux. Non, c’est terminé, il faudra bien lui avouer ce que j’ai décidé. Bon, on verra ça plus tard. En attendant, il faut crier, mais je n’ose pas. Si j’étais chez moi, si j’étais elle, je regarderais par la fenêtre si je ne suis pas déjà là, si je n’arrive pas, je guetterais. Mais elle non. Elle non, elle ne peut pas. Elle ne veut pas plutôt. Je suis sûre qu’elle a dû s’allonger bien tranquillement dans son douillet canapé beige en cuir, rapporté d’Algérie par bateau lors de son dernier voyage en cargo. Elle adore voyager en cargo. C’est son idée à elle, sa façon d’être originale. Il faut dire qu’elle n’est pas banale ma marraine. Au moins je sais qu’elle m’aime. De chaque voyage un superbe cadeau elle me ramène.

Son salon rassemble tous les pays qu’elle a traversés, visités, explorés, étudiés, parcourus à vélo ou à pied, sur route ou escaliers, à dos d’âne ou en voilier, elle a rapporté un meuble en bois d’ébène, un autre en acajou, des tableaux, beaucoup de tableaux, de la barque sénégalaise débordante d’africains colorés au sobre petit village vietnamien tout en gris dessiné, de la baie de St Malo que l’aquarelle fait pleurer au masque congolais rigolo, une sculpture aussi sur le buffet et la nappe sur la table. Tout chez elle donne le la du départ, le goût du voyage, de l’aventure. Ma petite reine, je n’ai plus froid, je te vois dans mes yeux, dans mon cœur, dans mes souvenirs, dans mes mots, dans tes choses, dans tes objets et demain j’aurai oublié que je n’ai pas osé crier. Et demain j’aurai oublié que je n’ai pas voulu te réveiller.

Tu dormais sans doute si bien dans ton beau canapé, bien beige et bien douillet, en cuir retourné d’Algérie. D’Algérie. D’Algérie, mon pays, que je me suis prise à rêver et chez moi, à pied m’en suis retournée.

Maelenn
29.05.08
Consigne :

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