Derniers commentaires
Recherche
06. Expansion
Publié le 05/05/2008 à 12:00 par interlignes
.
Eté 89. Il ne fait pas beau, même plutôt frais pour la saison. Bon, pas forcément très étonnant car nous sommes à Leicester, une ville du Nord de l’Angleterre. Clairement, idéalement, ce serait plutôt les plages du Sud de la France qui m’auraient plu mais la bronzette de la midinette n’était pas au menu de ces vacances studieuses. Je participe à un programme d’échange culturel, dans le cadre de mes études, par le biais de l’alliance franco-britannique du lycée où je prépare un BTS à Strasbourg. Première expérience professionnelle, au sein du service des propriétés industrielles du district. Je suis intégrée au sein d’une équipe dirigée par un sympathique anglais. Il est tout proche de la retraite, me prend sous son aile, me chouchoute. Il est passionné par le Français, qu’il parle un peu ; on s’amuse à traduire français-anglais, anglais-français : on échange, et on le fait bien !
Ce séjour est d’une grande richesse pour moi. La langue anglaise est une passion nourrie depuis la sixième. Aucun souvenir d’effort ou de contrainte à l’apprendre. Cette langue est un jeu, presque un exercice de révision à chaque nouveau cours. Alors, passer deux mois en Angleterre, me confronter à la réalité, quel bonheur. J’imagine l’Anglais en homme de la City, bowl hat de rigueur, rigueur tout court. Quel étonnement de voir que nous ne sommes pas si différents et qu’ils se sont pas si coincés, ces Anglais. La vie me confirmera qu’ils sont au contraire bien plus délurés que les Français par certains côtés. Ce premier pas dans la culture britannique créera un attachement qui subsiste toujours et a guidé bien de mes pas. John Brown, mon maître de stage, n’est peut-être plus de ce monde aujourd’hui, l’heure de sa retraite ayant sonné depuis plus de vingt ans. Nous avons échangé nos vœux longtemps, jusqu’à ce que le silence se fasse depuis peu d’années.
Le couronnement la haute distinction réservée à notre séjour vient en fin de parcours. Nous sommes un petit groupe de français à partager cette expérience. Nous sommes reçus par le Maire, the Lord Mayor of Leicester. La mémoire me manque pour comprendre et relater quel hasard a choisi que je sois le porte-parole de notre groupe, que j’adresse les remerciements pour l’accueil qui nous a été réservé, tant par les institutions de la ville que par nos familles d’accueil. Me voilà, terrorisée, à réviser et réviser dans ma chambre, les mots à solennellement adresser au Maire. Il est temps, nous voilà tous rassemblés dans les salons d’apparat du Townhall : lustres clinquants, chic so English, tapisseries fleuries Laura Ashley. Je me lance, émue, peu détendue mais je le fais, je l’ai fait, yes ! Ça c’est une belle préparation à l’oral d’anglais.
Et puis des années après, je me sens encore aussi terrorisée à l’idée de présenter en anglais : pourquoi ai-je oublié ces premiers pas, ce baptême, ce galop d’essai finalement réussi. Après un maire anglais, pourquoi me formaliser devant quelques managers de société, ils ne sont finalement bien que roupie de sansonnet.
.
.
v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v
Publié le 05/05/2008 à 12:00 par interlignes
.
Après tout ce blanc, vient le vert
Le printemps vient après l’hiver.
Après le grand froid le soleil,
Après la neige vient le nid,
Après le noir vient le réveil,
L’histoire n’est jamais finie.
Après tout ce blanc vient le vert,
Le printemps vient après l’hiver,
Et après la pluie le beau temps.
Après tout, ce n’est pas très grave si le blanc vient, le vert lui s’en va.
Le printemps n’est qu’une parenthèse après l’hiver et avant l’été.
Après avoir subi ce grand froid, sans mot dire ni chanson à fredonner, le soleil nous ravit de ses effluves dorés et doux. Ce n’est pas une fatalité la neige, c’est la pluie de l’hiver, les larmes du ciel qui se cristallisent et nous ravissent d’un tapis douillet mais froid, bien plus froid que le confort de ce nid qui se bâtit ça et là sur les branches du printemps.
Les couleurs égayent la nature, la lumière ouvre les cœurs et les décolletés.
Après le noir manteau dont nous couvre l’hiver, il ne nous tient à coeur que de penser, d’espérer, de chuchoter mais « quand nous viendra donc le réveil, la renaissance, l’éclosion de la vie ? », car oui, l’histoire n’est jamais finie, tout n’est que recommencement.
Après que tout ce blanc nous ait éblouis avant de nous envelopper dans la nuit des rafales du vent, vient le vert, le vert printemps, gai cousin de l’hiver, qui nous coûte si cher, cher d’énergie à consommer dans nos foyers, d’énergie à brûler pour rester éveillés.
Et lorsque ce blanc fond, se fond en pluie puis sèche au printemps, c’est le beau, le beau temps, celui du printemps.
.
.
v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v
Publié le 06/04/2008 à 12:00 par interlignes
.
The bottes
Il y a quelques mois, je me suis acheté des bottes.
Ca n’a l’air de rien comme ça mais c’étaient les premières.
Depuis le temps que j’en rêvais, d’avoir des bottes de vraie femme (et les jambes qui vont avec, cela va sans dire, mais mon compte en banque n’étant pas assez étoffé pour la lippo -succion, j’ai donc commencé par la première étape : les bottes). En effet, rien à faire, à chaque fois mon mollet – trop musclé sans doute par les longues années d’équitation (hum hum) - y faisait barrage.
Jusqu’à ce que, je tombe nez à nez avec elles, The bottes « of my life », en cherchant tout à fait un autre style de chaussures, ayant définitivement fait le deuil de cette idée saugrenue. Me voilà donc dans un magasin (dont je tairai le nom ici), jetant des coups d’œil furtifs à droite et à gauche comme une voleuse pour essayer Mes bottes, tranquillement sans qu’un vendeur ne vienne m’abreuver de ces judicieux conseils : si j’étais vous, j’opterais plutôt pour des ballerines, vu votre profil - non merci des ballerines ce n’est pas mon rêve ! j’en ai déjà des tonnes vu mon profil (de mollet) justement ! Après les avoir essayés très longuement – et même plus que ça -, comparé avec d’autres (incroyable, plusieurs paires me vont, quelle euphorie !), regardé sous tous les profils, ça y est j’en suis sûre, ce sont elles.
Elles m’ont choisi, enfin pas moi, mon mollet, autant que la réciproque.
En les payant à la caisse, j’ai un sentiment de fierté comme si enfin on (qui d’ailleurs) me reconnaissait le droit d’être une Woman. Finis les « Monsieur, vous désirez ? » au restaurant par un serveur arrivant dans mon dos ou autre « Agathe et les garçons, vous pouvez porter ce meuble, il est vraiment trop lourd » pendant les déménagements ! Maintenant, j’ai des bottes ! Une nouvelle vie s’offre à moi, ce que je n’ai d’ailleurs pas cessé de faire remarquer à chacun de mes amis après cet achat, les obligeant à s’extasier sur ces merveilles, en expliquant comment cet événement allait changer mon existence, qu’avoir des bottes, ça n’était pas seulement avoir des bottes, c’était un état d’esprit, une attitude. Certains restent d’ailleurs sceptiques, de la gent masculine pour la plupart.
Peu importe, avec mes bottes, je suis invulnérable et le monde est à mes pieds !
.
.
v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v v